Ce qui est arrivé à la mère d’Arutha et pourquoi on n’en parle jamais…
L’histoire que je vais vous conter, vous ne l’entendrez jamais de la bouche d’Arutha, car il s’est efforcé de l’oublier. Les faits se passent trois ans avant qu’Arutha ne parte en France, c'est-à-dire quatre ans avant le Vampire Knight actuel.
Ce jour où tout à commencé, Arutha pensait ne jamais l’oublier. Il avait 15ans à l’époque. Il cherchait un livre parmi les étagères de la bibliothèque familiale quand il entendit la voix de ses parents. En temps normal, il n’aurait pas cherché à en savoir plus, et n’aurait pas eu l’indiscrétion de les écouter, mais alors qu’il s’apprêtait à sortir pour ne pas les déranger, il entendit son père protester :
« Voilà des années que j’ai arrêté d’être Vampire Hunter ! C’est hors de question, et tu le sais ma chérie…
Le jeune garçon pila net et tendit l’oreille. Sa mère soupira :
-Je sais, mais je ne voudrais pas que ça ne tourne mal ! Ce n’est pas reprendre ton travail, c’est protéger ta famille ! Sois juste prêt, s’il te plait.
Arutha retourna sur ses pas pour risquer un regard vers ses parents. Son père était assis, et sa mère se tenait face à lui, elle semblait sincèrement inquiète, voir désespérée.
-Ca ne tournera pas mal.
Promis M.Inchou.
-Ca tourne toujours mal, et tu es bien placé pour le savoir !
Le père d’Arutha se leva :
-Pas cette fois, je m’en assurerais. Tu te rends compte de ce que tu me demandes ? Ce serait pire que de me tirer une balle en plein cœur ! Non, je ne peux pas faire ça, désolé.
Il tourna les talons pour mettre fin à la discussion, Arutha recula avec précipitation pour ne pas être aperçut en train de les espionner.
-Pense au moins à notre fils ! Tu ne voudrais pas exposer Arutha à un tel danger ?!
Tenta alors Mme Inchou en ultime recours. Mais en vain, car son mari répondit juste :
-Il n’y aura aucun danger, tu verras. »
Avant que la porte ne se referme derrière lui. Arutha lança un regard hésitant vers sa mère, elle s’était assise en soupirant, l’air absorbé dans ses pensées. Il s’empressa alors de se diriger discrètement vers la porte à son tour. Que devait-il comprendre à tout ça ? Sa mère avait elle été attaquée par un Sang-Pur ? Allait-elle tourner en Level-E ? Le sang du jeune garçon se figea dans ses veines. Il ne voyait aucune autre explication. Elle avait supplié M Inchou de la tuer avant qu’elle ne tourne en level-E, mais il en était incapable. Arutha serra les poings.
« Il le faut pourtant, ça ne peux que mal finir… »
Souffla t-il pour lui-même. Mais soudain, le cours de ses pensés fut interrompu par un brusque :
« Att…
Trop tard, il percuta quelqu’un de plein fouet, il sentit quelque chose lui tomber sur le dos, puis, des objets claquer au sol dans des bruits de pages froissées.
-Arutha ! Regarde un peu où tu vas !
Il regarda à terre, trois livres trainaient au sol sur un tapis de feuilles noircies -ou plutôt bleuies- d’écriture.
-Désolé Faith.
S’excusa Arutha en se penchant pour ramasser ce qui était tombé. Sa grande sœur- 19ans- pour un profond soupir et s’accroupie à son tour pour aider le jeune garçon. Quand ils eurent tout ramassé, il hésita un instant avant de commencer :
-Je peux te parler un instant ?
Sa sœur lui lança un regard intrigué, mais avant qu’il n’ait put décrire la conversation qu’il avait surprise, la porte derrière lui s’ouvrit sur leur mère.
-Tu voulais ?
S’enquit Faith. Arutha secoua la tête.
-Rien… »
Arutha ouvrit brusquement les yeux. Il faisait encore nuit noir, mais il avait été réveillé par la porte de la chambre à droite de la sienne qui claquait. Il referma les yeux et tenta de se rendormir, mais rien n’y faisait, il n’y parvenait plus. Il se leva alors pour aller boire quelque chose. Il sortit de sa chambre et descendit les escaliers avant de se diriger vers la cuisine. Quand il poussa la porte, il aperçut sa mère en train de rincer un verre. Elle sursauta en l’entrant et fit volte-face :
« Tu ne dors pas encore ? Tu as cours demain
Lança t-elle avant de lui offrir un sourire chaleureux. Arutha la fixa un instant. Pourquoi avait elle sursauté ? Pourquoi semblait-elle préférer qu’il soit au lit ? Avait-elle quelque chose à cacher ?
-Je vins de me réveiller, et j’avais soif, alors je suis descendu boire une goutte.
Expliqua t-il en prenant un verre avant de se verser à boire. Sa mère sourit :
-D’accord, mais file te recoucher après, d’accord ?
Ce disant, elle s’approcha et fit mine de passer ses bras autour des épaules de son fils, aussitôt, les sens d’Arutha se mirent en alerte et il s’esquiva brusquement. Sa mère le regarda, surprise :
-Quelque chose ne va pas ?
Il détourna le regarda :
-Rien, il n’y a rien… »
Elle le fixa un instant, la mine inquiète, avant de décider de ne pas insister, elle lui souhaita bonne nuit de loin, l’air chagriné, avant de sortir de la cuisine.
« Faith !
La jeune femme pivota en réajustant son col. Malgré tous ses efforts, Arutha n’était pas parvenu à parler à sa sœur de la discussion qu’il avait surprise, à chaque fois qu’il essayait de l’approcher, sa mère intervenait. Sa sœur lui lança un regard intrigué :
-Tu as l’air d’être en froid avec maman ces derniers temps, il s’est passé quelque chose ?
S’enquit-elle. Son frère grimaça :
-On peut dire ça…
Elle haussa un sourcil :
-Ca fait vraiment bizarre ! D’habitude vous êtes si proches, tu es son chouchou, et là…
Arutha ne s’offusqua pas, il savait que c’était vrai. Peut être vous êtes vous déjà demandé comment Arutha pouvait être si sérieux avec le directeur comme père ? La voilà la réponse, il tenait ça de sa mère. Cependant, leur sérieux ne les empêchait pas d’être étonnement proches. Mais depuis qu’il avait entendu la discussion entre ses parents, Arutha se méfiait de sa mère, qui sait, sa prétendue marque d’affection pouvait être en réalité motivée par tout autre chose ? Il avait conscience que sa mère était blessée par son brusque changement de comportement, et il ne pouvait s’empêcher de s’en vouloir, mais c’était ça ou risquer sa vie…
-Qu’est ce qui s’est passé ?
S’enquit Faith. Arutha soupira :
-En fait…
Soudain, une voix retentie derrière eux :
-Faith ! Tu peux venir un instant ? J’aurais besoin de toi !
Arutha fit volte-face pour se retrouver nez à nez avec sa mère :
-Qu’est ce qu’il y a encore ! Tu passes ton temps à t’arranger à ce que Faith et moi ne nous retrouvons pas seuls tous les deux dans la même pièce ! Qu’est-ce que tu veux à la fin ?! On est frère et sœur, tu ne peux simplement pas nous empêcher éternellement de nous voir ! »
Sur ce, sans laisser le temps à sa mère ou à Faith de réagir, il tourna les talons. Il monta les escaliers, il avait besoin d’être seul un instant pour se détendre. Soudain, il aperçut un mouvement dans la chambre à gauche de la sienne, dans la chambre de ses parents. La porte étant ouverte, il y jeta un coup d’œil pour y apercevoir son père. Arutha hésita un instant, devait il lui en parler ? Non, il semblait occupé, de toute façon, il était déjà au courant et avait déjà son avis sur la question, et Arutha connaissait l’entêtement de son père quand il avait prit une décision. Il passa son chemin pour gagner sa propre chambre. Avisant le cahier sur son bureau, il décida de faire ses devoirs histoire de lui passer les nerfs. Il ouvrit son cahier et se lança dans son travail quand soudain, il entendit sa sœur crier. Il bondit hors de sa chambre, passant devant celle de ses parents, il se rendit compte que son père n’avait pas réagit.
« Il est donc si peu inquiété ? »
Maugréa t-il entre ses dents. Arrivé en bas, il entendit du mouvement dans le sous-sol. Sans hésitation, il ouvrit la porte et descendit, la lumière était déjà allumée, soudain, il put entendre sa mère qui riait. Il passa la dernière marche et posa son pied au sol avant de lancer un regard vers la pièce. Rien ne semblait alarmant, sa mère riait tendis que Faith bougonnait quelque chose.
« Que se passe t-il ?
S’enquit alors Arutha. Faith haussa les épaules :
-Rien, c’est juste un rat qui a surgit de nulle part et qui m’a surprise… »
Le jeune garçon se détendit. Mais combien de temps restait-il avant que sa mère ne tourne en level-E ?
Arutha jeta un coup d’œil par la fenêtre et poussa un soupir de soulagement. Il avait enfin réussi à se débrouiller pour se retrouver seul avec sa sœur. Sa mère était partie faire les courses, son père s’était absenté aussi- même si cela n’y changeait pas grand chose- et il avait quitté les cours plus tôt pour en profiter. Il n’aimait pas sécher les cours, mais c’était exceptionnel, c’était important, même d’une importance vital.
Quand elle entra dans la pièce, Faith lui jeta un regard surpris, un coup d’œil suffit au garçon à deviner qu’elle était de mauvais poil.
« Tu n’es pas en cours ?
Arutha secoua la tête :
-J’ai besoin de te parler, c’est très important.
Sa sœur poussa un grognement :
-Tu tombes mal… Tu ne peux pas reporter ça à…
-C’est VRAIMENT très important, et à chaque fois, maman m’empêche de t’en parler…
L’interrompit Arutha. Il ferma les yeux un instant avant de commencer :
-Il y a quelques jours, j’étais dans la bibliothèque quand…
-Papa n’est pas là non plus ?
Le coupa Faith. Arutha la soupira et tourna la tête vers elle pour se rendre compte qu’elle s’était rapprochée.
-Non. Bref, je disais…
Soudain, sa sœur le saisit par les épaules.
-Qu’est ce que tu… »
Il n’eut pas le temps d’achever sa phrase et sentit une vive douleur dans son cou. Il écarquilla les yeux. Depuis le début, ce n’était pas sa mère le danger, c’était sa sœur… Voilà pourquoi leur mère faisait tout pour les séparer, elle voulait le protéger… « Pense au moins à notre fils ! Tu ne voudrais pas exposer Arutha à un tel danger ?! » Ca ne l’avait pas marqué alors, mais elle n’avait pas fait allusion à Faith, juste à lui…
« Arutha ! »
Le jeune garçon sursauta quand sa mère surgit de nulle part et s’empara de Faith pour l’écarter de son fils. Il regarda un instant les deux femmes lutter, mais, désormais vampire, Faith avait un avantage écrasant, et leur mère ne possédait aucune arme. Impossible de tuer un vampire à main nues ! Aussitôt, Arutha se précipita vers la chambre de ses parents, il savait qu’il y avait des armes anti-vampires. Il en saisit une et ressortit à toute vitesse. Faith était penchée sur leur mère qui ne bougeait plus. Arutha leva son arme sur elle et tira, tira, tira. Il tira jusqu’à vider le chargeur. La pièce était entièrement éclaboussée de sang, et le corps de Faith tomba mollement. Le garçon resta immobile un instant, les mains tremblantes. L’arme finit par lui échapper des mains, il s’approcha du corps de sa mère.
« Maman ?... »
Elle ne réagit pas. Son visage était pâle, son regard fixé dans le vague, sans voir. Il s’agenouilla à côté d’elle, sans faire fît du sang de sa sœur. Un énorme vide se creusa soudain en lui. C’était…étrange… il ne ressentait pas de tristesse, juste un profond vide, mais c’était au-delà encore du désespoir. C’était comme si la douleur était telle qu’elle l’avait d’un coup privé de tout sentiment, même ses larmes refusaient de couleur. Pourtant, une vive et puissante douleur vrillait son cœur. Il ne voyait plus rien, n’était conscient de rien, ni du sang, ni du corps de sa sœur, ni de ses tremblements, ni de la pièce. Rien, juste cette horrible douleur, ce vide, et le corps inerte de sa mère. Des souvenirs poignants refirent surface, tous les moments passés avec elle. Soudain, il prit conscience que les derniers moments qu’il avait passé avec elle, il les avait gâchés en soupçons, il l’avait blessé en la repoussant, il s’était refusé à son affection… et maintenant, elle était là, immobile à jamais et par sa faute… Alors, les larmes s’échappèrent enfin, mais au lieu d’une délivrance, elles étaient plus douloureuses encore. Il resta là, à sangloter, et quand son père revint, il n’avait pas bougé, il sanglotait toujours, même s’il n’avait plus de larmes à pleurer.
« Arutha ? On connait tous ton père, mais jamais personne n’a entendu parler de ta mère… Il lui est arrivé quelque chose ?
Le fils du directeur leva les yeux sur la Day Class qui lui avait posé la question.
- Elle est morte quand j’étais tout jeune, je n’ai aucun souvenir d’elle.
Répondit-il en haussant les épaules.
-Et ta sœur ?
Insista l’élève
Quelle sœur ? Je n’ai jamais eu de sœur. »
C’était ainsi. Pour se protéger de la douleur, Arutha s’était menti à lui-même. Il s’était menti tant et si bien qu’il avait fini par croire à ses propres mensonges. Et si jamais on le mettait face aux incohérences de son histoire- car il y en avait forcément, on ne pouvait retirer deux personnes de son histoire de la sorte sans créer des incohérences- il était incapable de les expliquer, et en était lui-même surpris.